# La pensée binaire

Quand un problème arrive, souvent notre cerveau se met à fonctionner en mode binaire : c’est noir ou blanc, c’est vrai ou faux, c’est possible ou pas possible , c’est bien ou mal, c’est 0 ou 1 .

Notre cerveau fonctionne alors sans aucune nuance et cela nous mène alors à des jugements péremptoires, rapides et souvent intolérants.

Comment peut-on faire pour appréhender les problèmes autrement et sortir de ce mode binaire ?
La métaphore qui me vient à l’esprit est celle du passage de la 2D à la 3 D. Il s’agit bien d’élargir son regard, de chausser les lunettes 3 D pour regarder le problème du dessus, du dessous, dedans et dehors, en mouvement, sous un autre angle, en profondeur, dans sa complexité, avec le regard d’un autre…

Pour cela il faut sortir du mécanisme de la 2 D qui nous fait uniquement réfléchir avec notre cerveau rationnel et utiliser les trois cerveaux que nous avons : le cerveau rationnel, émotionnel et relationnel. Il s’agit de combiner notre intelligence avec notre intuition, notre 6° sens et notre créativité.

En coaching c’est ce travail-là que je fais par les questions quelques fois si candides que je pose à mes clients pour les aider à regarder leurs problèmes en 3 D.

Alors le jugement stoppe, car l’on sort d’une écoute du problème qui cherche une solution en discriminant à une écoute du problème pour comprendre et résoudre en reliant.

Alors l’angoisse stoppe, car l’on sort de toute sorte de certitudes polluantes pour commencer le chemin jamais atteint d’un lâcher-prise libérateur rempli de nuances.

Isabelle Flye Sainte Marie
23 février 2016

Assister ou accompagner ?

Cette question me passionne. Mon métier est d’accompagner les accompagnants. Alors j’offre un miroir sur les pratiques professionnelles.
C’est tellement simple de donner un conseil, tellement simple de trouver une solution pour toi : je pose un diagnostic, j’élabore un processus de résolution et je te transmets les bonnes façons.
Comme je sais , il a toutes les chances que cela fonctionne si tu fais ce que je te dis.
Et si cela ne marche pas c’est que le blocage est ailleurs et alors je recommence à regarder ce qui ne va pas et à trouver encore et encore d’autres solutions …c’est tellement gratifiant la relation d’aide. « Je sais et cela va aller mieux pour toi,,, tu vas voir … »
Et je fais plus de la même chose : plus de conseils, plus de décisions d’orientation et plus d’assistanat
Et quand je fais plus de la même chose, j’obtiens le même résultat ; l’assistanat mène à la dépendance et donc tu deviens de plus en plus demandeur.
C’est tellement compliqué de ne pas savoir, de ne pas émettre d’avis, de jugements, de conseils …
C’est tellement difficile de n’être qu’un miroir de ce que je vois, de ce que j’entends, de ce que je ressens.
Tellement difficile d’être dans la certitude que toi tu sais et que tu as en toi tout ce qu’il faut pour aller vers quoi tu veux seul ou en demandant toi-même de l’aide sur ce qui est strictement  nécessaire.
Tellement difficile la recherche de la non-projection, la recherche de ton autonomie, le transfert assumé et regardé à la bonne distance.Tellement difficile de t’accompagner !

 
Tout cela passe par une posture confiante de saine curiosité, de feedback, de questions qui renvoient l’autre à sa responsabilité et à sa liberté .cela passe aussi par une bonne distance : être séparé et relié. Par une posture résolument tourner vers « je n’ai pas réponse à tout , mais je sais que , au plus profond de toi  tu sais,  et je sais que je peux t’accompagner à découvrir ce que tu veux, ce qui dépend de toi et ce que tu comptes faire et comment tu comptes t’y prendre »cela ne veut pas dire que je renonce à mes savoirs mais que te laisse libre de les activer si tu penses que tu en as besoin .

 
Toutes nos relations humaines peuvent se relire comme cela : Assister ou accompagner
Cela peut se vérifier dans sa vie perso avec son compagnon de route, avec ses enfants et le reste de la famille, avec ses amis .cela peut se vérifier aussi dans son univers professionnel : entre collègue, avec le client, avec sa hiérarchie ou avec ses équipes  …

C’est la question majeure dans les lieux de supervision du médico-social au sens le plus large…… s’il y en a..
Je crois vraiment que le chemin de l’assistanat conduit à la dépendance et crée de la dette .et je crois que ce chemin-là est facile et naturel .
Je crois par contre que le chemin de l’accompagnement conduit à la grandeur et l’autonomie  et crée de la richesse .Et, je crois aussi que les professionnels de l’accompagnement (parent, manager, profession d’aide) doivent sans cesse réfléchir et se former pour avoir les outils qui permettent cette posture si peu naturelle et si difficile, mais tellement passionnante et réjouissante.

 

Isabelle Flye Sainte Marie
Février 2016