L’inconfort : la maison du coach

Ce matin j’ai envie d’écrire un article non pas sur le coaching, non pas sur les coachés, mais sur la posture coach.

Cela va vous permettre d’avoir un regard, non pas sur les formations, sur les outils de coaching, mais vous pourrez sans doute toucher du doigt ce que, nous les coaches, nous vivons de l’intérieur.

Quand je pense à la spécificité de mon métier : Accompagner des personnes. La première chose qui me vient à l’esprit est la notion d’accompagnement du changement.

C’est parce que nos clients veulent un changement qu’ils font appel à nous. Sans désir de changement pas de chemin d’amélioration et de croissance..

 

Le changement est un mouvement : Si je suis dans une période ou dans une zone confortable, je n’ai aucune raison d’en sortir et il n’y aura donc pas de mouvement, pas de changement. Si je suis dans une période ou une zone de danger, je peux être tétanisée : il n’y aura pas de mouvement, pas de changement. Le changement ne vient que si je suis en zone d’inconfort. C’est là que les choses bougent et que je peux voir facilement les objectifs d’amélioration.

Nous les coaches qui accompagnons le changement, nous faisons de l’inconfort notre maison et nous sommes en perpétuelle évolution. C’est la nature même de notre métier qui veut cela. Et, jour après jour, de manière imperceptible et pourtant réelle, nous sommes dans un processus de changement qui devient comme une manière tout à fait originale d’avancer.

C’est une condition essentielle, je crois, du coach qui respire vers son client cette idée que l’inconfort est bon, porte des fruits et est source d’amélioration.

Alors comment cela se passe-t-il pour que cela advienne en nous et en comment cela se manifeste-t-il dans notre posture ?

Quand je suis en zone de confort c’est inopérant et voilà comment cela peut se manifester dans ma posture coach :

→ C’est quand je sais ce que mon client devrait ou ne devrait pas faire et que je lui donne des conseils.

→C’est quand j’applique un outil de coaching sans le relier à la personne qui est là.

→C’est quand je me laisse embarquer dans une conversation de salon.

→C’est quand je suis connectée uniquement par mon intelligence rationnelle qui réfléchit pour trouver une voie, une solution …

Quand je suis en zone de danger c’est inopérant et voilà comment cela peut se manifester dans ma posture coach

¤Quand j’ai peur et que je suis inquiète (de mes compétences, de la fragilité de mon client, de ne pas être payée …..).

¤Quand je suis tiraillée entre ce qui est bon pour mon client et bon pour son organisation.

¤Quand je suis instrumentalisée par l’organisation (injonction paradoxale, intervention durant le coaching..).

¤Quand je compare la situation de mon client à une situation que je connais ailleurs.

¤Quand je ne me sens pas à la hauteur (pas légitime, pas capable, pas ….).

¤Quand je me mets à juger la situation, la personne, l’organisation …

Quand je suis en zone d’inconfort c’est opérant et bénéfique et voilà comment cela se manifeste dans ma posture coach.

>C’est quand je suis en position méta : au cœur de la rencontre et au-dessus pour regarder avec recul.

>C’est quand des émotions et des ressentis me viennent et que je peux les exprimer.

>C’est quand je ne sais pas.

>C’est quand je suis dans le lâcher-prise.

>C’est quand je n’ai peur de rien.

>C’est quand je sais juste que tout est là.

>C’est quand je suis totalement présente à l’autre, à moi et à la relation.

>C’est quand je suis connectée au moment présent.

>C’est quand l’intuition parle.

 

Le coaching amène des instants magiques ou de manière systémique ma zone d’inconfort assumée se synchronise avec celle de mon client.

Et…….                    Alors……. Le changement advient.

Alors bien sûr, je passe mon temps à naviguer entre confort, inconfort et danger. Mon travail de coach est de savoir  juste où je suis.

La relecture, la supervision permet d’affiner cela. C’est cela , que nos clients viennent chercher , je crois . C’est cela qui fait que mon métier peut se comparer à celui des artisans : Remettre sur l’établi , jour après jour pour apprendre le geste , le mot , la distance , la gestion des émotions , le lâcher-prise , la présence , la pédagogie , le non-jugement , la sérénité , la conscience , la relecture éthique ….

Et si je devais finir cet article en illustrant la zone d’inconfort , je dirais que cela ressemble à une eau qui coule de source ou à deux danseurs qui cherchent l’harmonie dans l’ajustement de leurs pas et de la musique .


 

Animer une réunion

Animer une réunion

 

Animer une réunion cela veut littéralement dire  : Donner une âme à une réunion. La preuve qu’on l’a fait est que les personnes qui en sortent se sentent enrichies de ce qui s’y est passé.

 

Est-ce votre cas quand vous sortez de réunions ? Combien de réunions se terminent elles au contraire avec un sentiment de perte de temps que l’on appelle maintenant « réunionnite » ou « réunionite aiguë »? comme une maladie grave !

 

La première question à se poser quand on doit animer une réunion est de se dire :

Quelle est la finalité de cette rencontre ? Se voit-on pour échanger des infos ? Pour réfléchir à une amélioration ? Pour prendre des décisions ?

En général, la première erreur est de vouloir faire les trois choses en même temps et du coup le contenu de la réunion n’est plus lisible. Et c’est un risque supplémentaire qui va sans doute avoir pour conséquence de ne pas tenir l’ordre du jour fixé (encore faut-il qu’il y en ait un !)

La réunion d’information est celle qui est la plus rébarbative puisque cela met les personnes en état d’avoir seulement à entendre les infos que l’on donne.

Si vous voulez mettre en place une réunion d’information,  Il vous  faut vous  poser quelques questions avant d’envoyer des invitations ou des convocations : Toutes les infos partagées sont-elles intéressantes du début à la fin pour tous les participants ? Ne pourrait-on pas utiliser un autre support que le support réunion pour que ces infos soient transmises ? Quel outil pédagogique un peu ludique peut-on mettre en place pour passer les infos (au secours les Power Point ! )

La réunion de réflexion est la plus longue puisqu’il s’agit sur un point bien précis de se donner un maximum d’idées pour améliorer ce que l’on veut. C’est le temps de la créativité, du possible, de l’innovation, des échanges sur le bienfondé ou non des idées qui émergent. C’est l’occasion, peut être, de faire venir de l’extérieur une personne pour nous apporter un éclairage différent, une expertise que l’on n’a pas en interne .C’est normalement la réunion la plus dynamique où chacun, selon sa place dans l’organisation, peut apporter son éclairage propre sur les changements que ces améliorations pourront apporter. C’est aussi le lieu privilégié ,si l’on est dans une équipe qui travaille sur le long terme,  pour mesurer l’état de l’équipe : confiance, défiance, indifférence entre les personnes, avec les projets en cours  …

Je vous invite là encore à bien notifier dans la convocation la finalité de la réunion en précisant bien le sujet sur lequel on va réfléchir (Idéalement un seul sujet à la fois ) .

La réunion de décisions est très courte. Les avantages et les inconvénients de chaque solution ont été mis en avant. Seuls ceux qui ont le pouvoir de décider et d’assumer la responsabilité des décisions sont autour de la table. Si le travail de réflexion en amont a été correctement fait , les décisions coulent de source. Souvent les dirigeants prennent, non pas la bonne décision, mais la moins mauvaise. C’est la réunion qui va être vraiment le révélateur pour vérifier qu’il y a un capitaine (seul ou de manière collégiale) dans le bateau .c’est le temps du courage et du leadership. Durant cette réunion, il est quelquefois nécessaire de travailler la communication interne et externe des décisions prises. Les coaches sont là pour cela quelques fois.

 

La seconde question que l’on peut se poser c’est « qu’est-ce que je peux déléguer lors de cette réunion pour qu’elle soit plus performante et que les participants participent”?.

En fait on a plein de choses possibles  à déléguer. Et si un groupe de personne se réunit régulièrement, les rôles peuvent tourner.

Une personne peut prendre en charge le rôle de l’hôte : Il écrit l’ordre du jour concerté. Il vérifie qu’une salle est disponible. Il arrive un peu avant pour aérer ou pour allumer le chauffage. Il vérifie que le matériel nécessaire est là.Il prévoit au moins de l’eau pour les participants ( de quoi grignoter ou se nourrir si la réunion dure longtemps ), et il accueille les participants en demandant de fermer les portables le temps de la rencontre. Il appelle éventuellement les retardataires. invite les participants à prendre un temps de pause  si la réunion dure longtemps.

Une personne peut prendre en charge le rôle du secrétaire : Remplir la feuille d’émargement au cas où.Distribuer les documents si nécessaire. Prendre des notes. Faire le compte rendu. Envoyer le contre rendu aux participants. Rédiger le relevé de décisions si l’on est dans une réunion  de décision.

Une personne peut prendre en charge le rôle du  time Keeping : en fonction de l’ordre du jour et du temps impartis de la réunion, le time keeper peut demander à l’animateur ce qui serait confortable pour lui comme gestion du temps et ainsi tout au long de la réunion de garder un œil sur l’heure et annoncer tout haut le temps qu’il reste. Cela donne du rythme à la réunion.

Une personne peut prendre en charge le rôle du coach. Prendre une position méta pour encourager,pour dire tout haut ce qui se passe, pour inviter les introvertis à prendre la parole par exemple, pour réguler les tensions ou stimuler la créativité .C’est un rôle passionnant toujours dans l’intention d’être une aide précieuse pour l’animateur.

Une personne en cas de réunion de décision peut prendre le rôle de Pousse Décision. Vérifier que la réunion se termine bien par  une prise de décision tracée sur un relevé de décision.

Toujours dans le cadre d’une réunion de décisions quelqu’un peut prendre le rôle de gardien du SMARTE : la décision doit être Simple , Mesuré , Adapté , Réalisable , Temporisé et Éthique ou Écologique. Dans le cas contraire, si  la décision prise va faire grincer les dents de certains, une fine préparation de la communication doit se mettre en place avant l’annonce des décisions.

Si tous ces rôles se prennent, chacun est alors présent en fonction de sa place dans l’organisation, de son rôle à jouer juste le temps de cette réunion et cela crée un sentiment d’utilité pour chacun qui aura une répercussion sur l’implication des personnes pendant ce temps dédié.

Pour l’animateur, du coup en position basse, il ne reste alors plus qu’à se concentrer sur le cœur du sujet ici et maintenant en gardant toujours le cap : “Qu’est-ce que j’attends de cette rencontre ?”.

 

Pour moi la réunion est l’exercice phare du management. C’est là que l’on voit la personnalité et les compétences du manager, la bonne ou la mauvaise santé du groupe constitué, le courage ou les jeux de pouvoir.

Moi comme coach, je suis toujours heureuse d’assister à une réunion. Ce n’est pas grave si je ne comprends pas toujours finement les tenants et les aboutissants de ce qui se passe .je suis là en position méta et tout est signe. Mon rôle est d’apporter à l’animateur après la réunion tous les feedback sur ce que j’ai pu voir, entendre et ressentir tout au long de la réunion.

 

Pour donner une âme à une réunion … le plus sage conseil que je peux vous donner aujourd’hui … Soyez créatif et amusez-vous !

 

MAI 2016

 

 

 

La communication

La finalité de la communication est de mettre en place une relation.

Une relation basée sur un socle de confiance, une relation basée sur un socle de défiance

Et quand je ne communique pas, je communique quand même. Le message est alors souvent interprété comme de l’indifférence alors que ce n’est pas toujours une intention consciente de la personne qui ne communique pas

 

Pour communiquer, il y a deux grandes catégories de personnes : les extraverties qui ont besoin de la relation pour se comprendre, pour comprendre l’autre et pour comprendre les évènements, relire le passé, parler du présent et programmer l’avenir.

Et les introvertis qui trouvent en eux les réponses à mieux se comprendre et à réfléchir le passé, le présent et l’avenir.

Dans mon cabinet je vois des  extravertis qui viennent pour apprendre à tourner trois fois leurs langues dans leur bouche avant de parler et qui ne peuvent pas se passer de la relation à l’autre, qui détestent la solitude et qui ont vraiment besoin d’échanges et de feedback.

Et les autres qui viennent dans mon cabinet comprendre que leur besoin de solitude et de recul pour réfléchir est souvent perçu par leurs proches comme des marques douloureuses d’indifférences, comprendre que la pudeur à ne pas se dire est source de malentendu et qui doivent donc apprendre le langage de la communication à l’autre.

 

Et bien entendu, nous savons tous que la communication est pour 20 % par les mots et 80 % par tout le paralangage : ce que je donne à voir, à entendre, à ressentir, à gouter, à bouger….

Comme coach, je ne cherche pas à changer mes clients, l’introversion et l’extraversion ont de l’aidant et du limitant.

Je cherche à leur permettre de mieux se connaitre , mieux percevoir l’impact des modes de communications , mieux faire émerger les messages qu’ils ont à dire aux autres pour trouver la bonne manière de le dire .

Et le must , je crois , c’est de se connaitre , de s’aimer comme on est inconditionnellement, et de temps en temps, s’ajouter d’autres manières de communiquer quand le message en vaut la chandelle .:)

Pour cela je dis tout haut ce que je ressens du mode de communication qui se  passe pendant la séance de coaching. …qui est toujours le reflet systémique de ce qui se joue à l’extérieur……

 

Le 11 mai 2016