Le pouvoir du désir

Imaginez-vous devant une grande planche en bois solide suffisamment épaisse pour ne jamais se casser sous votre poids, une planche de 50 cm de large et d’un mètre de long  .imaginez-vous la poser sur le sol et demandez-vous si vous pouvez marcher sur cette planche sans difficulté sur les 1 mètre de longueur.

Votre imagination trouve cela très simple et vous n’aurez aucune difficulté dans la vraie vie à marcher sur cette planche.

Imaginez-vous maintenant avec cette même planche posée à deux mètres du sol. La même épaisseur, la même largeur, la même longueur, la même solidité.  Mais là si vous aviez à marcher sur cette planche vous seriez en stress maximal, vos jambes trembleraient probablement, car en imagination vous vous feriez un film du danger et du vertige.

Et pourtant il y a des couvreurs qui montent tous les jours tout en haut des toitures …en imagination ils savent qu’ils sont capables de le faire. Dès le premier jour de leur apprentissage, ils se sont forgé l’intime conviction qu’ils allaient non seulement pouvoir le faire, mais en plus y prendre du plaisir !

Votre imagination sur le danger du futur conditionne tous vos actes : j’ai peur,   je ne peux pas, j’ai confiance, je peux.

Tout cela se fait au plus profond de notre inconscient.

Et pourtant quand on a peur c’est qu’on a en corollaire un grand désir. Si j’ai peur de ne pas décrocher ce poste, c’est que j’ai un grand désir de l’avoir : sans désir, pas de peur. Et plus mon désir est fort plus ma peur est intense.

On se retrouve donc en soi même en conflit interne entre désir et volonté .la volonté étant annihilée par la peur. Cette peur engendrée elle-même d’un  grand  désir. Cette peur qui me pétrifie et qui m’empêche d’avancer.

La culpabilité vient alors et nous demande de mettre en place une plus grande volonté. Mais cela ne marche pas.

En fait, notre cerveau ne fait pas la différence entre la réalité et l’imagination .C’est pour cela que nous pouvons pleurer devant un film ou en lisant un livre  alors même que nous  savons tout à fait que sommes dans une fiction.

Les films que nous nous faisons sur nos réalités présentes et sur les réalités du futur sont pour nous un ancrage plus puissant que notre réalité elle-même.

Si tous les films de notre vie sont basés sur : « je ne peux pas », « j’ai peur » « ce n’est pas possible » « ils m’empêchent » « c’est la faute, à », « ce n’est pas pour moi » « je ne suis pas capable » « cela ne va pas marcher »  ….. Alors toute notre vie sera conditionnée par notre imagination négative. C’est le schéma de tous les replis sur soi et de tous les murs qui se dressent.

Le seul moyen d’avancer et d’avancer en étant heureux et de se connecter à ses désirs profonds : car d’un seul coup d’un seul cela donne une force de vie incroyable

Ceux qui savent faire cela  ont  identifié clairement ce qui est bon pour eux, ce qu’ils veulent, ce qui les rendra heureux et ils sont en capacité de se faire les films par anticipation de tout ce qui en découlera. De tous les changements positifs que cela leur apportera.

La force de l’imagination sera alors en eux comme une immense puissance de vie.

N’avez-vous jamais entendu parler de personnes en fin de vie qui ont eu un tel  désir de voir une personne de leur entourage qu’ils en étaient capables de retarder leur décès quelques fois de plusieurs semaines . En imagination, le moment le plus important pour eux, la rencontre avec l’un de leurs proches, prenait le pouvoir sur tous les organes de leur corps pour le maintenir en vie par la seule force du désir.

Faire le premier pas pour demander une aide est en fait le signal encore inconscient de notre premier désir : celui qui est de stopper la machine à se faire des films négatifs.

La relation thérapeutique comme tous les outils d’accompagnement ont une réelle efficacité. Lors de la première rencontre, le thérapeute écoute tous les doutes, les peurs et les certitudes de blocage. Son rôle est alors de commencer le travail de conversion intérieure pour faire émerger le désir le plus profond. Un désir concret et pour soi-même.

Milton Erickson, le père de l’hypnose que je pratique, savait cela très bien. Il utilisait la force de l’imagination pour créer dans le cerveau de ses patients des souvenirs positifs du futur.

Et comme au cinéma, les films devenaient dans le cerveau de ses patients,  encore plus puissants que leurs réalités.

En chacun d’entre nous, le désir déjà accompli en imagination donne une force vitale extrêmement puissante.

Alors, ne vous en privez pas :

Savez-vous dire quel est votre plus grand et plus profond désir pour vous-même ? Et concrètement, cela se verrait à quoi si vous l’aviez atteint ?

 

 

 

 

 

Peut-on être un leader charismatique et humble à la fois ?

Le charisme c’est la capacité à regarder l’avenir à l’aulne de tous les potentiels positifs et d’amener les bonnes personnes à y aller avec enthousiasme.

Le charisme est directement lié au leadership. La personne qui est connectée à ses valeurs profondes, qui a un esprit d’analyse et de critique qui est tournée vers la capacité à mettre en œuvre concrètement la réalisation de rêves, va tout naturellement être en connexion avec les autres.

Tout naturellement, elle va agir comme un aimant qui fera qu’elle aura autour d’elles des personnes qui auront envie de travailler avec elle et de s’unir aux mêmes causes.

Le charisme même s’il est directement lié à une forte capacité d’expression n’est pas seulement l’apanage des orateurs, mais surtout de ceux qui sont vraiment fortement connectés à l’envie de faire bouger les lignes. C’est parce qu’ils y croient fermement qu’ils sont totalement congruents dans tous les gestes, tous les actes et tous les choix qu’ils posent, que cela produit immédiatement la confiance et que cela entraine.

Le charisme nait d’une personne qui a un égo puissant : d’une personne qui sait qui elle est, ce qu’elle veut, ce qu’elle ne veut pas et qui est capable de se donner les moyens d’arriver là où elle veut.

Alors bien sûr le charisme quand il est très puissant peut conduire facilement vers ce que l’on peut nommer l’orgueil, l’égo démesuré ou le despotisme.

La polarité du charisme est l’humilité : Cette certitude que seul, je ne peux rien, que le collectif est plus intelligent que l’individualisme.

 L’humilité c’est un rapport au temps lent, c’est la solitude pour laisser les autres aller sur leurs propres chemins, c’est le silence, c’est la capacité se remettre en cause, c’est le lâcher prise par la croyance que le chemin est plus beau que l’atteinte de l’objectif. C’est la prise de conscience de ses faiblesses et la capacité à demander de l’aide, c’est avoir touché du doigt l’impuissance à changer le court des choses.

Paradoxalement ce n’est pas quand on se sent faible, nul, non confiant en soi que l’on peut atteindre l’humilité. L’humilité est le chemin proposé à ceux qui ont le plus fort charisme .l’humilité n’est pas donnée par la nature, Elle  est volonté, elle est travail, elle est le fruit d’une décision éthique fondamentale, radicale, et sans cesse à remettre en perspective.

Mon métier me donne la joie d’accompagner des personnes charismatiques qui ont fait le choix éthique d’utiliser ce charisme à bon escient. C’est passionnant, motivant et touchant de faire un bout de chemin avec eux. J’ai des prénoms, des visages, tout plein de personnes que j’ai eu la grande chance d’accompagner et que ma déontologie m’oblige bien sûr à ne jamais nommer.

C’est un travail que l’on fait avec toutes les formes d’intelligence : l’intelligence rationnelle, émotionnelle, relationnelle, créative que nous avons chacun de nous à déployer encore et encore.

Pour certains le chemin vers le charisme humble passe par une acceptation de ses faiblesses, pour d’autres au contraire par l’acceptation de ses forces. C’est toujours un regard à porter sur ce qui a été vécu et sur ce qui va se vivre, c’est aussi toujours et toujours la connexion puissante à soi-même et aux autres en même temps…… au temps présent.

Belle rentrée à vous tous.

Isabelle Flye Sainte Marie

Septembre 2018

La supervision

 

Dans le social, il est courant que les professionnels puissent participer à des groupes d’analyses de pratiques. C’est un groupe qui réunit les personnes faisant le même travail ou étant dans le même service selon un timing défini à l’avance.

Les coachs eux aussi ont des lieux de supervision. Ils peuvent choisir une supervision individuelle ou une supervision collective, parfois ils font les deux.

 

La supervision (comme l’analyse des pratiques) a plusieurs finalités :

      La première utilité d’être supervisé est de ne pas porter tout le poids de ce que l’on peut entendre et vivre au quotidien dans son travail et d’avoir un lieu    pour s’en décharger.

                C’est aussi un moment où l’on regarde avec recul ce que l’on a fait à la lumière de la découverte de sa propre identité d’accompagnant.

Chaque accompagnant a son propre style comme d’ailleurs ses propres stratégies sous stress. La supervision part du présupposé que le principal outil d’accompagnement c’est soi-même. La supervision répondant alors à cette nécessité de bien se connaitre pour accompagner les autres.

               La supervision sert aussi à repérer les jeux psychologiques qui sont induits dans la relation d’aide :

la personne accompagnée va se comporter, dans sa relation avec la personne qui l’accompagne,  avec les jeux relationnels qu’elle utilise habituellement avec les autres : cela peut être des jeux de pouvoir, des jeux de jugement, des jeux de séductions, de fuite, une volonté de créer des liens affectifs ou en  posture de victime.

C’est la relecture de la relation d’aide qui permet de mettre aussi la lumière sur cela .cela s’appelle le transfert : un jeu de miroir entre l’accompagné qui interagit avec l’accompagnant comme il l’a fait avec d’autres.

L’analyse des liens de transferts est ce que je crois le plus important et le plus enrichissant dans un lieu de supervision. C’est quelquefois tricoté avec subtilité et c’est un regard extérieur qui peut mettre en lumière les transferts. Savoir identifier les transferts est une chose importante et savoir ensuite les utiliser dans son accompagnement est encore plus intéressant pour que l’accompagné puisse prendre du recul sur sa propre histoire.

Par exemple, si la personne accompagnée remet sans cesse ses rendez-vous, c’est peut-être le signe d’une mauvaise organisation, d’une surcharge de travail ou peut être le signe inconscient que c’est difficile de se plier à une décision prise conjointement. Cela pourrait aussi être une partie de lui qui ne veut pas venir par peur de dévoiler ses fragilités.

En supervision  l’accompagnant émet des hypothèses et réfléchit aussi de ce qu’il va faire avec cela. En parler ou se taire ? Qu’est-ce qui est le plus opportun pour cet accompagné-là dans son contexte d’aujourd’hui avec ses propres demandes initiales ?

Le transfert peut aussi intervenir en dehors de la relation d’aide : par exemple,  lors d’une rencontre l’accompagné parle de son manager en disant qu’il ne le supporte pas. Ce manager tarde à prendre des décisions,  fuit la discussion  …

Si l’accompagnant apporte ce récit en supervision,  l’on peut regarder à plusieurs niveaux

     Au niveau de l’accompagné : comment l’accompagnant a t’il mit en lumière un possible transfert entre lui et son manager ?

  Au niveau de l’accompagnant : ne fait-il pas lui aussi un contre-transfert sur ce récit : cette histoire ne vient-elle pas aussi faire écho dans sa propre histoire d’accompagnant ? Si    c’est le cas, cela va induire un changement de posture dans l’accompagnement et en général c’est un changement en mode-conseil «  si j’étais vous ….. Ne croyez-vous pas que …. »

Transfert et contre-transfert sont les liens invisibles et subjectifs qui tissent et détissent sans cesse nos histoires personnelles avec celles des autres. C’est ce qui fait toute la richesse des sciences humaines.

Par contre il est du rôle de l’accompagnant d’avoir un lieu, un espace pour  regarder tout cela  en supervision pour ensuite en faire de la matière vivante dans l’accompagnement.

En conclusion je vais résumer en disant que la supervision est un processus d’apprentis-sage dynamique et expérientiel basé sur l’étude de cas et sur la  une relation avec le superviseur. Celui-ci  a comme fonction de contenir par la parole les difficultés et les questions soulevées par les transferts inhérents à la pratique d’accompagnement.

 

Le caprice à l’âge adulte

 

Le caprice est la manifestation d’un désir impérieux et soudain qui a pour objectif d’obtenir ce que l’on veut.

Le caprice prend naissance dans un principe de recherche de plaisir qui se confronte au principe de réalité, car nous ne pouvons pas tout avoir.

Le caprice prend aussi naissance dans la confrontation du principe de recherche de plaisir qui vient s’opposer au désir de l’autre qui ne va pas toujours dans le sens de mon propre désir.

Chez le petit enfant, le caprice, même s’il est difficile à supporter est un processus normal et nécessaire : l’enfant vit l’instant présent, totalement en connexion avec ses émotions, ses sensations et ses besoins immédiats.

Il  passe devant la boulangerie, il sent l’odeur du bon pain, cela crée chez lui un déclenchement des signaux du plaisir, il a envie d’avoir ce pain et il fait un caprice : c’est l’expression de son désir immédiat et impérieux.

Ce sont les éducateurs de l’enfant qui le font sortir de cette notion de toute puissance et l’éducation à la frustration raisonnable est le moyen pour que l’enfant apprenne que le désir se confronte au principe de réalité et d’altérité.

L’éducation à la frustration saine demande pour les éducateurs d’avoir un discourt clair : le  oui est un oui inconditionnel, sans chantage et le non qui est un non sans appel.

L’éducation à la frustration est ce qu’il y a de  plus difficile pour les parents : quand dire oui ? Quand dire non ?  Comment gérer le regard des autres sur la colère de mon enfant ? Comment supporter que mon enfant manifeste une agressivité vis-à-vis de moi quand je dis non ? Tout cela est fatigant.

Dire oui c’est tellement plus simple : cela éteint le feu du caprice tout de suite et tout rentre dans l’ordre jusqu’au caprice d’après.

Dire oui de manière conditionnelle est tellement efficace. «  Je te donne tout de suite le bout de pain, mais alors tu es sage »  et pourtant c’est le doux apprentissage de la manipulation.

 

Si l’éducation à la frustration ne se fait pas ou au contraire si l’éducation n’est que frustration le caprice perdure à l’âge adulte.

Nous ne voyons plus d’adulte se rouler par terre dans la rue pour obtenir un croissant devant une boulangerie. L’adulte a mis en place des stratégies plus subtiles pour manifester ses caprices.

Le caprice chez l’adulte est basé sur une certitude inconsciente que « je suis » si j’obtiens ce que je veux et que « je ne suis rien »  si je n’obtiens pas ce que je veux .   Il se manifeste au quotidien de différentes manières.

-Par des achats compulsifs pour certains

-Par une grande contrariété et une agressivité si ce qui arrive n’est pas ce que je veux comme je veux (n’avez-vous jamais vu des adultes manifester des comportements irritables dans un restaurant en renvoyant des assiettes parce que ceci ou cela)

-Par des techniques de manipulation en créant chez l’autre une fausse responsabilité ou de la culpabilité : « tu ne m’aimes pas puisque tu ne fais pas comme j’ai envie ».

-Par des manifestations de souffrances psychologiques ontologiques, car je n’existe que par ce que j’arrive à obtenir.

Le caprice chez l’adulte est le symptôme d’un ego malade d’avoir été trop ou mal aimé.

Je ne crois pas réellement que l’on puisse dire que l’on a reçu une bonne éducation. Par essence les relations éducatives rejouent et rejouent encore les relations du passé et mon article n’a pas vocation à culpabiliser les parents qui le liront.

Pour autant dans mes pratiques au quotidien je vois bien que ceux qui ont reçu une éducation ferme et bienveillante à la fois ont des bases de confiance en soi qui leur permettent d’être solides et d’être moins susceptibles en face d’un refus ou  d’une frustration. Ils savent faire la différence entre eux-mêmes et ce qu’ils possèdent Ils ont pour eux -même un amour clairvoyant et bienveillant .cela ne veut pas dire qu’il renonce au plaisir et au désir, bien au contraire. Mais ils savent que leurs désirs et leurs plaisirs sont aussi dans la création d’une relation égalitaire avec les autres où il n’y a pas ni perdant ni gagnant.

 

Isabelle Flye Sainte Marie

Mars 2018