La bonne distance dans les relations humaines

 

C’est un sujet qui me tient à cœur depuis le début de ma carrière. Peut-être même depuis toujours

C’est une question qui me met au travail, en lecture, en expérimentation pour essayer de comprendre les enjeux des relations humaines.

Être trop prêt, certains disent «  fusionnel »  dans une distance où je ne peux pas vivre loin de l’autre parce que le besoin a remplacé le désir.

Nous avons des peurs et en particulier la peur de la solitude, la peur de l’abandon et les peurs que je peux aussi avoir pour les autres.  Ce sont ces peurs qui nous poussent à créer des liens fusionnels. Quand tu es là, quand j’ai des nouvelles, quand je sais … cela me rassure.

C’est une relation qui fait une boucle de moi à moi. Et l’autre alors n’est qu’un élément de la boucle de moi vers moi.

Cela produit un  « nous » indifférencié et la relation est basée sur une relation qui n’a pas pour visée la Co naissance de l’autre.

La relation fusionnelle part de notre désir profond de prendre l’autre en charge et de prendre aussi du plaisir à être pris en charge. Alors il y a celui qui porte et celui qui est porté. Tout cela est pavé de  bonnes intentions, mais une prise de pouvoir se met en place.

Être trop loin c’est mettre de la distance et la rallonger jusqu’à l’évitement de la relation. C’est une autre stratégie de protection. Cette stratégie est, elle aussi, basée sur la peur. Mais sur la peur de voir se renouveler encore et encore les stratégies de pouvoir et de violence. Alors on souhaite se mettre à l’abri pour ne pas faire mal ou ne pas avoir mal .Dans cette distance psychologique ce sont des murs et des silences qui remplacent les relations.

Il n’y a plus de boucles de relation.

Trop prêt, trop loin … deux côtés du même miroir. Deux façons mortifères de gérer ses angoisses.J’assiste souvent quand les personnes me parlent des relations humaines difficiles pour eux au passage de relations fusionnelles vers des relations distendues ou interrompues:

Pendant des années, leurs  relations étaient basées sur le besoin inconscient de gérer ses angoisses, ses peurs et puis un jour, la fusion est tellement mortifère, que la seule solution pour rester psychologiquement en vie c’est de se séparer . j’ai été témoin de cela dans des vie racontées et vécues ,  en famille, dans les relations de couples, au travail aussi .

Alors il ne s’agit pas de culpabiliser. Cette foutue culpabilité est le lit des peurs, des jugements et qui nous ramène , encore et encore ,vers la fusion ou la séparation.

Dans une relation, on est deux et si la fusion ou la séparation est le besoin de l’autre … cela ne changera pas …

Mais, une autre voie est possible. Une voie vivifiante qui n’est pas possible avec tout le monde, mais qui est si riche qu’elle vaut la peine de s’y essayer ! C’est la voie de la bonne distance.

La bonne distance c’est cette capacité à être séparé et connecté. Elle se voit quand je suis « tout moi » en face de « tout toi » et que l’on se rencontre non pas pour combler un vide ou répondre à un quelconque besoin, mais bien parce qu’il y a le désir réciproque de la rencontre.

Pour être séparé et connecté, encore faut-il être bien avec soi-même. Être tranquille et en paix.

Il faut se connaitre et être en amitié avec soi-même. Être réconcilié avec ses fragilités et savoir tant bien que mal tenir debout tout seul. Regarder ses peurs, non plus comme des obstacles, mais comme des possibles. Et les affronter. Et oser.

C’est aussi avoir en soi la bonne dose d’ego : S’aimer sans se voiler la face. Savoir faire le chemin du cerveau qui analyse, vers le cœur qui ressent pour aller ensuite dans les tripes pour y chercher au plus intime, ses besoins. Apprendre à les exprimer et à écouter ceux de l’autre.

Alors quand ce chemin de croissance intellectuelle, émotionnelle, spirituelle se met en place,  une boucle de rétroaction peut se mettre en place avec l’autre. Je ne vais pas vers toi pour répondre à un de mes besoins, mais parce que je suis connecté à mes désirs les plus profonds.

Je ne suis pas là pour me juger, te juger, ou juger la situation, mais pour gouter le temps partagé comme un lieu vivifiant.

La bonne distance, cela se goute d’abord. C’est le temps présent où chacun arrive avec tout son être et où la relation est suspendue à l’instant partagé. Alors les peurs s’éloignent et la joie prend le dessus.

Il ne faut pas pour cela attendre que l’on soit d’accord sur tout. Cela n’est pas le sujet, il faut juste être d’accord sur une seule chose : le plus important c’est la relation. Une relation ou je peux être moi dans ma vérité, toute entière présente et où tu peux être toi, dans ta vérité, tout entier présent.

J’embrasse affectueusement ceux avec qui j’ai la chance d’être souvent à la bonne distance dans mes relations amicales et familiales. Je salue ceux avec lesquels cela m’arrive aussi dans ma vie professionnelle.

Je sais aussi que mon désir de relations me permettra de rencontrer encore et encore des personnes. Et ensemble, nous serons en vérité.

 

Un petit texte, comme une invitation, pour vous  à regarder ce qu’il en est des relations que vous tissez au quotidien de vos rencontres …Un petit texte aussi pour remercier toutes les personnes qui par leur vie , leur enseignement , leurs livres … m’ont aidé à réfléchir sur cette bonne distance .. Je pense à Carl Rogers , à Marie Balmary , à Anné Linden , à Xavier Emmanuelli …. Et aussi à tous ceux que la vie m’a donné d’accompagner …

Vos peurs ne sont que la face cachée de vos désirs !

juin 2017

 

Commentaires (2) :

  • 26 mars 2019 à 11 h 21 min - Répondre à ce commentaire
    26 mars 2019 à 11 h 21 min Répondre à ce commentaire

    Bonjour je cherche un livre sur apprendre à mettre la bonne distance dans toutes mes relations amicales et professionnelles et c’est comme ça que je viens de trouver votre texte qui exprime très clairement ce que je recherche. Avez-vous écrit un livre ou vous même pourriez vous m’en conseiller ?
    Au plaisir de vous lire
    Isabelle

    • 26 mars 2019 à 11 h 39 min - Répondre à ce commentaire
      26 mars 2019 à 11 h 39 min Répondre à ce commentaire

      Bonjour Isabelle

      Quand je serai à la retraite , je pense que j’aurai enfin le temps d’écrire sur ce sujet passionnant !:)
      le livre qui me vient en premier ce matin à vous lire et sans doute aussi parce que cette femme a été pour moi une professeure si précieuse est le livre de Anné Linden : « les frontières dans les relations humaines. »
      Dans la pensée d’Anné linden , les frontières sont comparables à la peau : une fine couche qui nous protège des agressions extérieures et aussi un endroit où l’on peut être en connexion sensible dans la rencontre avec l’autre .
      alors il y a plusieurs lieux où les frontières doivent être là et elle explique tout cela très bien dans son livre .
      j’espère que ma réponse correspond à votre besoin . Bonne lecture et bon travail de développement personnel .
      chaleureusement
      isabelle flye sainte marie

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