Efficacité ou efficience ?

Le jardinier ne détermine pas la couleur de la fleur, ni le jour de son éclosion, ni son odeur, ni sa forme. Il ne modifie pas le cours des saisons pour elle, il la protège contre les insectes, les intempéries. En la soignant, en l’arrosant, il lui permet d’être encore plus belle, de donner son meilleur parfum, sa meilleure couleur .il sait que tout est en elle en puissance et ne tire pas dessus pour qu’elle pousse plus vite. Il la regarde pousser avec confiance, il l’aime, il l’admire
« Comme vous êtes belle » dit le Petit Prince à la rose.

Notre vie s’accélère, notre rapport au temps change considérablement. Les moyens de communication sont aujourd’hui instantanés et cela a considérablement changé notre rapport au travail.
La rapidité nous amène vers l’efficacité .les échanges vont vite, les informations sont omniprésentes et l’on a tout de suite tous les éléments de la prise de décision.
Le temps s’accélérant, la performance se mesure aujourd’hui dans cette capacité à faire vite et bien.
L’efficacité qui est la capacité à atteindre ses buts en produisant les résultats escomptés est maintenant assujettie à la rapidité.

Mais avec cela, on oublie souvent une donnée vraiment importante à mes yeux : l’efficience. Atteindre nos objectifs en faisant une bonne utilisation des ressources. Mesurer les résultats non pas seulement pour ce que nous attendons, mais en tenant compte des ressources consommés pour les atteindre.

Cette tendance amène à l’écologie. Il s’agit d’atteindre les sommets, mais sans sur- consommer. Sans griller les ressources.

Cette tendance se manifeste aujourd’hui de manière paradoxale : la société de consommation rend l’âme et l’on voit apparaitre toute sorte de nouvelles pratiques : l’échange, le troc, le traitement des déchets et de nouveaux modes de consommation se basant sur le respect de la planète.

En même temps pour ce qui est des ressources humaines, le nombre de burn-out que je vois en ce moment me laisse perplexe.

Comme si cette démarche écologique qui émerge de partout oubliait l’homme et son propre fonctionnement écologique.
« Comment ne pas me laisser cramer par mon travail ? » est une question qui est au cœur de quasi tous mes accompagnements aujourd’hui.
Comment mettre de l’efficience dans la gestion des ressources humaines ? Comment atteindre les sommets sans en payer le prix fort pour moi-même et pour les autres ?

Mettre de l’efficience demande de mesurer aussi l’impact écologique des décisions managériales que je prends.
Il est de la responsabilité des décideurs et des managers d’être des jardiniers admiratifs.

Ce que j’écris aujourd’hui est sans doute un peu à contre-courant de la course effrénée qui est notre lot quotidien.

Saint Germain en Laye le 11 avril 2016.

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