Liberté Égalité Fraternité

 

Comme vous tous je suis en train de réfléchir et de regarder ce qui se profile pour les élections à venir, comme vous je lis, je regarde les débats, je me tiens au courant de l’actualité.Voici aujourd’hui un résumé de ma pensée, sans doute avec beaucoup de raccourcis.
Mon intention de ce matin est plutôt de synthétiser ma pensée, d’abord pour moi-même et peut être en résonance cela vous permettra aussi d’avoir une pensée plus claire et de préciser votre point de vue.alors en pensant à la France d’aujourd’hui je me suis tout simplement mise à regarder notre devise nationale : liberté, égalité, fraternité.
Ces trois mots qui viennent dans ce sens comme une suite logique. Une suite logique de ce qui fait la spécificité de notre pays. Le pays des droits de l’homme, le pays de la contestation, le pays de la réflexion politique, intellectuelle et culturelle que beaucoup nous envient encore.
Ces trois concepts sont, je le pense, comme trois pieds. Trois pieds qui forment un trépied, et ce trépied doit être stable et solide pour soutenir nos institutions.

La liberté est la possibilité pour tous de mener à bien sa vie comme il l’entend. C’est la liberté de créer, de s’associer, de penser.

La liberté repose sur un état de droits qui laisse aux citoyens une grande autonomie et de cette autonomie nait la responsabilité (être capable d’apporter une réponse)  

La liberté est une conception du monde qui permet à chacun de vivre libre tout en veillant à ce que cette liberté ne soit pas une gêne ou un danger pour soi et pour autrui.

L’égalité est la possibilité pour tous d’accéder à tous les droits qui couvrent les besoins primaires : la santé, le logement, l’éducation….

L’égalité repose sur un état de droit qui veille dans des secteurs spécifiques à mettre en place sur tout le territoire une réponse identique pour tout le monde.

L’égalité est une conception du monde qui se base sur l’idée que le pouvoir doit veiller à mettre en place des droits et des devoirs identiques pour chacun.

La fraternité est la possibilité pour les plus fragiles d’avoir recours à des aides spécifiques durables ou ponctuelles.

La fraternité repose sur un état de droit qui veille à une juste répartition des richesses publiques.

La fraternité est une conception du monde qui induit que le vivre ensemble est possible si l’échange et la confiance sont au cœur des relations.

Alors pour que ce trépied fonctionne, il ne faut pas qu’un des pieds soit plus grand que les autres.Tout le jeu de la démocratie doit permettre cela. Ainsi  la liberté doit être gênée dans sa toute-puissance par l’égalité et la fraternité pour éviter de creuser les inégalités. Et l’égalité et la fraternité devraient quant à elles être gênées dans leurs toutes-puissances par la liberté pour éviter de creuser le nivellement par le bas et la dette publique.

C’est le sens le plus noble de la démocratie: le droit à la parole de chacun, l’absolue nécessité de compromis, de négociation afin de rester dans un équilibre toujours incertain, inconfortable pour tous, mais qui est le lieu du consensus.

 

Si ces trois pieds ne s’équilibrent pas par peur, méfiance ou défiance alors l’on assiste à la fin d’un état démocratique.

Alors les toutes-puissances s’affrontent les unes en face des autres :

Trop de liberté mène à une dictature où les plus puissants écrasent les plus faibles. C’est le capitalisme dévoyé.

Trop d’égalité mène à une dictature ou tout est géré par des plans contrôlés par un pouvoir tout puissant. Ce sont les totalitarismes d’extrêmes.

Trop de fraternité mène à une dictature ou les plus riches sont tellement taxés qu’ils partent ailleurs .ce est-ce que certain ont appelé la dictature du prolétariat.

Aujourd’hui on assiste à cela. Il n’y a qu’à ouvrir une radio ou un journal pour comprendre que nous sommes aujourd’hui dans une logique de corporatisme, de lutte, de fuite en avant. Chacun accusant l’autre de tous les maux.

Le trépied est cassé.et ce est-ce que l’on voit aujourd’hui hélas :

La liberté n’est plus. Nous croulons sous la paperasse et les processus de contrôle.

L’égalité n’est plus. La France est aujourd’hui composée de corporatismes de tout bord où chacun fait son lobbying comme il peut pour tirer le meilleur pour soi-même.

La fraternité est réservée à quelques fous qui à leur petite échelle essayent encore et encore le dialogue, l’entraide, la bienveillance et le partage.

⇒Ne voit-on pas aujourd’hui en France, une partie de la population (le capitalisme dévoyé pour ne pas le nommer) de plus en plus nantie, totalement déconnectée de la réalité quotidienne du reste de la population et qui ne cherche qu’à préserver et augmenter par toute sorte de combines financières fiscales et de castes un rapport à l’argent nauséabond.

C’est aujourd’hui le règne de la toute-puissance de l’argent

⇒Ne voit-on pas aujourd’hui une montée des extrêmes (l’extrême gauche pour ne pas la nommer)  qui souhaitent se remettre à tout contrôler, à tout planifier, à tout étatiser et qui regardent la classe des nantis non plus comme étant capable de créer de la richesse, mais comme étant la source de toutes les difficultés.

C’est aujourd’hui le règne de la toute-puissance de la colère.

⇒Ne voit-on pas aujourd’hui une montée des extrêmes (l’extrême droite pour ne pas la nommer)  qui souhaitent fermer les frontières, établir des murs, stigmatiser des personnes et qui regardent tout ce qui est diffèrent comme étant dangereux.

C’est aujourd’hui le règne de la toute-puissance de la peur.

 

Je me demande souvent ce qui a pu mener à cela .je crois fondamentalement qu’une des grandes causes de tout cela  sont que tous les  contres pouvoirs les uns après les autres ont baissé les bras. Par fatigue, par manque de courage, je ne sais pas.

Le contre-pouvoir de l’éducation ne fonctionne plus. l’école ne remplit plus son rôle qui est de permettre à chacun d’avoir des outils et des mots pour comprendre , pour prendre du recul , pour réfléchir , pour analyser le monde qui est et qui vient .

Le contre-pouvoir des arts ne fonctionne plus. La culture et les pratiques artistiques ne permettent plus de symboliser et de relier les hommes.l’art est réservé à une élite ou elle est au contraire un fort marqueur de communautarisme. Elle a perdu sa valeur de message universel.

Le contre-pouvoir de la famille ne fonctionne plus. L’ère du chacun pour soi et du tout connecté ne permet plus à la famille de remplir son rôle qui est d’apprendre à vivre ensemble dans un esprit de partage et de service. Les parents ne savent plus comment équilibrer la notion de bien-être de leur enfant à la notion éducative pour poser les limites.

Le contre-pouvoir des religions ne fonctionne plus. Et même s’il reste encore et encore des hommes et des femmes qui essayent de relier les religions les unes entre elles, le quant-à-soi, l’esprit de chapelle sont aujourd’hui de mise. Le religieux ayant été relayé à la sphère du privé, du personnel, il n’a plus sa vocation première qui est de relier les personnes.

Le contre-pouvoir associatif a perdu de sa force. Les protocoles internes, les subventions publiques, les exigences de quantité, les regroupements associatifs, ont détruits la substance même de l’associatif qui est de faire du spécifique, du local et de l’interpersonnel.

Le contre-pouvoir des institutions militaires, administratives, hospitalières, de la justice  n’ont plus de moyens, plus assez d’hommes encore heureux dans leur travail pour permettre aux citoyens de bénéficier d’une réponse immédiate à ce qui est pour eux très important.

Alors il reste trois contre-pouvoirs

Celle des médias qui se fait l’écho de tous ces dysfonctionnements et on peut dire que cela fait le buzz à tous les étages.Ce pouvoir absolu qui est de rentrer dans tous les foyers, tous les jours est aujourd’hui regroupé dans quelques petites mains souvent très proches du politique. .

Le pouvoir du politique qui, on le voit bien, n’est que le reflet parfait de tous les dysfonctionnements de la société et qui aujourd’hui patauge dans un faux semblant de réponses.

Et  l’entreprise qui doit du coup se substituer à tous les dysfonctionnements et s’occuper de ses collaborateurs avec tous les manquements avec lequels ils arrivent. L’entreprise qui doit aujourd’hui réguler le seul lieu, encore, où les différences se croisent.

J’ai bien conscience du coté réducteur de mes propos, car bien entendu tout cela n’est qu’une vision générale et que derrière tous les groupes humains tout et son contraire existe. Mais quand, j’entends au fil de mes rencontres, les personnes de tous bords, de toutes origines me parler, je suis en écho le porte-parole de ce qui est ressenti par un grand nombre d’entre eux.

Pour autant j’entends aussi de belles initiatives et moi qui suis fondamentalement optimiste, quand je regarde ce monde, je me dis que l’on arrive à la fin de toutes ces logiques. Alors, oui, peut être que l’on va encore plonger un peu plus dans la piscine et aller encore un peu plus loin dans les logiques de peur et de colère, mais que tout ce que l’on vit  est aussi une formidable invitation à ré enchanter le monde .L’homme a aussi de formidables ressources en lui et je crois que de tout ce marasme émergent ici et là, déjà, de nouvelles formes de réponses.

Des nouvelles manières de se connecter au monde, des nouvelles manières d’appréhender le rapport à soi-même, à son corps, à sa nourriture alimentaire, intellectuelle, spirituelle .de nouvelles pratiques de la médecine, pour certaines de plus en plus pointues et scientifiques pour d’autres avec des approches de plus en plus douces et préventives.

De nouvelles manières de s’associer, de partager gratuitement ses savoirs faire, son matériel, son temps, ses biens …

De nouvelles manières de consommer avec des exigences de qualité, de respect de la nature, des personnes au travail, avec pour certain déjà des logiques de réduction de la consommation.

Une nouvelle manière de voyager, d’entreprendre de créer des liens, de fraterniser.

De nouvelles formes de travail, de manager, d’appréhender le rôle de l’entreprise.

Une prise de conscience de la fragilité de la terre, de la mer, des espèces animales, des systèmes qui la régulent la planète et dont dépend notre survie.

Je crois fondamentalement que nous sommes en plein passage, comme au cœur d’un changement total, comme en train d’accoucher d’un Nouveau Monde. Alors même si l’accouchement peut être douloureux, regardons sans faux fuyants les signes positifs et négatifs de ce monde possible :  les prémisses de ce qui pourrait permettre de rendre le monde de plus en plus vivable pour les hommes , les femmes et la nature et aussi les prémices de ce qui pourrait rendre le monde encore plus fou et qui pourrait le conduire à sa perte .

Et chaque jour nous pouvons choisir d’être Co créateurs ou Co destructeurs ou simples porte-parole d’une pensée distancée comme j’essaye humblement de le faire ce matin.

 

Isabelle Flye Sainte Marie

Le 7 février 2017

 

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