La force des métaphores et des contes …

Et, lors d’une rencontre, il me disait :

« Je sais très bien au fond de moi ce que j’ai à faire. Il faudrait que je prenne du recul, il faudrait que je sois plus détaché de tout cela, mais je n’y arrive pas.. C’est plus fort que moi … »

« Et pourtant si j’y arrivais, je sais bien, aussi, les bénéfices que je pourrais en avoir : Dans mon travail je pourrais avoir un peu plus de souplesse et je pourrais sans doute être moins inquiet , à la maison je sais combien les relations avec ma femme et mes enfants seraient plus agréables .. »

” Et pourtant malgré le fait que dans ma tête je sache très bien ce qui doit changer, rien ne se passe .c’est comme si une force en moi résistait, n’y croyait pas vraiment . »

« Comment est-ce que je peux avoir un si fort désir et en même temps cette incapacité à mettre en place quelque chose de nouveau ? »

Quelque chose en lui m’a profondément touchée. Cet homme qui est dans la vie à une place si importante, une intelligence vive et de grandes responsabilités se permettait ce jour-là, le dévoilement de sa fragilité.

Et moi, tranquillement, en me calant confortablement dans mon fauteuil et je me suis entendue commencer à lui parler :
……. « Et ce matin, cela me rappelle, il était une fois il y a très très longtemps de cela dans ce pays …… »

…….Et moi, tranquillement, j’ai laissé couler le flot de mon histoire, comme elle venait. J’ai trouvé en moi le chemin qui me permet de quitter mon intelligence rationnelle, celui qui me dicte ce qu’il faut faire, pour faire advenir, pour lui, une histoire, sans autre intention que de laisser mon inconscient le rejoindre.

Quand le rationnel résiste, il faut ouvrir d’autres chemins, d’autres accès. Les métaphores et les contes peuvent ouvrir à un autre monde en nous. c’est le lieu de l’imaginaire . Les métaphores envoient des messages à notre inconscient et alors, nous pouvons lâcher pour un moment notre intelligence rationnelle et s’ouvrir à des possibles meilleurs.

Nous nous sommes vus quatre fois depuis ce jour-là. Sans très bien comprendre comment les choses se sont passées pour lui, il a pu constater qu’il était moins inquiet et il a pu mesurer les conséquences positives pour lui et dans ses relations aux autres.

Je crois, profondément, qu’il a trouvé le chemin pour que la machine à penser et à s’inquiéter ne prenne plus toujours le dessus.

Isabelle Flye Sainte Marie
Le 23 juin 2015